The Tiny Pockets (a text of Thomas Vinau translated by Vadim Bystritski)

.

I write on a full stomach, wearing clean clothes, close to a cup of hot coffee, with a roof over my head, children not far, and a princess even closer. I write in front of the fireplace, next to a tree or a window, rain or shine, the time is on my shoulder, just like the birds on the patio. I have memories dangling around my neck and tomorrow within reach. I have no moral lesson. I don’t write in order to give one. All my writing is observation and memory. I write about this morning at the end of January when we were walking to school in the light of the moon as cold as the frozen street light; this morning when you were dancing in front of your bowl like the king’s fool and the king; the freshly cut morning peonies, twisted rubber bands, hair in every room. This morning, arriving at school, the youngest panicked in front of the class when he realized that his cardigan had no pockets, the tiny pockets into which he was hiding his tiny hands to overcome his fear of screaming children, parents waiting in line, the remarkable teacher, the anxiety of separation. In these pockets he had always found his strength, bravery and determination. Deep in his pockets he had been crushing his fear, trying to keep the warmth of those he had left. This text is for those tiny pockets and the morning when not knowing what to do with his hands, his bones, his terror, he grew unnoticeably bigger, unnoticeably even more beautiful and lovable, after facing what he lacked. 

.

.

Les petites poches

.

J’écris avec le ventre plein. Dans des habits propres, pas loin d’un café chaud, je n’ai pas de leçon à donner. J’écris avec un toit sur la tête, des enfants à côté, une princesse tout près, je n’ai pas de leçon à donner. J’écris assis devant un feu, devant un arbre ou une fenêtre, avec le soleil ou la pluie, je n’ai pas de leçon à donner. Le temps se pose sur mon épaule et les oiseaux sur ma terrasse. J’ai des souvenirs autour du cou et un demain à portée de main, je n’ai pas de leçon à donner. Je n’écris pas à donner de leçon. J’écris pour goûter. Et pour faire goûter. J’écris pour garder et pour regarder. J’écris pour ce matin de fin janvier dans lequel nous marchons ensemble jusqu’à l’école sous la lune froide comme un réverbère givré. Ce matin où vous avez dansé comme des clowns et des rois devant votre bol. Où je cueille, tel le bouquet de pivoines du jour, les élastiques tortillés de cheveux disséminés dans chaque pièce. Ce matin où, arrivé devant sa classe, le plus petit s’est affolé en se rendant compte que son pull n’avait pas de poche. Les petites poches dans lesquelles d’habitude il enfouit ses petites mains pour passer la barrière des autres enfants qui crient, des parents qui font la queue, de la maîtresse impressionnante, de la séparation. Ses petites poches au fond desquelles d’habitude il trouve sa stature, son allure, son courage. Au fond desquelles il écrase sa peur en retenant serré la chaleur de ceux qu’il quitte. J’écris pour ses petites poches au fond desquelles il écrase sa peur en retenant serré la chaleur de ceux qu’il quitte. J’écris pour ses petites poches et pour ce matin où , ne sachant plus quoi faire de ses mains, de ses os, de sa terreur, il devient imperceptiblement plus grand, imperceptiblement plus beau encore, tellement digne d’amour, en affrontant ce qui d’un seul coup lui manque.