The Dead Smell Good II (a text of Eugène Savitzkaya translated by Vadim Bystritski)

There were genets walking at large, their long winter fur, their milk coat, their tongue was looking for titbits under sheets of paper and in the bone and skin piles. A boy was given to drink, his hands sliced off, when taken under the robe of his little sister and he was licking the aromatized beverage, eyes closed, cautiously, filtering the liquid between his teeth, spitting out strange, bitter seeds, allowing for the crushed glass and bamboo chips to deposit under his tongue, groaning, cursing his patient executioners. Then the powerful poison violently twisted his vertebrae, and the overwhelmed blood made the veins in his temples, neck and cheeks burst. At the very last moment, he remembered his fingers and the marvelous rings worn around them, he wanted to bite his thumb, the flesh of his palm; he wanted to scratch, he wanted to draw, to write, but he slipped to the ground like a beautiful blue and pink handkerchief and was stripped to be incinerated. This boy there was a gardener, under his nails lived the critters of the earth. Every now and then he would write poetry on the wall of a latrine. His wandering fingers played with my buttons and filled my vase with oil. So, I drank his ashes dissolved in milk.

After finishing drinking her milk, the sister also died. She was allowed to wither, darken, swell, harden, turn blue on her bed. Had we not let her wilt, a dozen grave diggers would have lied upon, desecrated, penetrated the body prior to burying the beautiful corpse.

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En liberté se promenaient les genettes, leurs longs poils d’hiver, leur pelage de lait, leur langue cherchant les friandises sous les feuilles de papier et dans les tas d’os et de peaux. On donnait à boire au garçon dont les mains avaient été tranchées, prises sous la robe de sa jeune soeur et il laper le breuvage aromatisé sans ouvrir les yeux, prudemment, il filtrait le liquide entre ses dents, recrachait d’étranges pépins amers, laissait se déposer sous sa langue le verre pilé et les éclats de bambou, gémissait, maudissait ses patients bourreaux. Mais le violent poison lui tordit brutalement les vertèbres et le sang bouleversé fit éclater les veinules de ses tempes, de ses joues et de son cou. Au dernier moment, il se souvint de ses doigts et des merveilleux anneaux qui les cerclaient et il voulut se mordre le pouce et la chair de sa paume. Il voulut griffer. Il voulut dessiner, écrire. Il glissa de son siège comme un joli chiffon bleu et rose, et on le dépouilla pour le brûler. Ce garçon-là était jardinier ; sous ses ongles vivaient les petites bestioles de la terre. Il lui arrivait d’écrire des poèmes sur les murs des latrines. Du bout des doigts, il jouait avec mes boutons et remplissait mon vase d’huile. Je boirai sa cendre dissoute dans mon lait.

Ayant bu tout son lait, la sœur du garçon mourut et on la laissa quelques jours se faner sur son lit, bleuir, s’obscurcir, puer, se gonfler, se durcir. Les dix fossoyeurs se seraient couchés sur son beau cadavre, l’auraient souillé et pénétré avant de l’ensevelir si on ne l’avait pas laissé flétrir.