The Dead Smell Good (a text of Eugène Savitzkaya translated by Vadim Bystritski)

The salt-encrusted, giant fish mouth closed, swallowing the night. In December, Gestroi slept.

In January, Gestroi moved to more fertile grounds, where he could smell the royal pork in a pigsty, from its layer the pork king ruled the world, the piggly goo-goo eyes lovingly wallowing in fallen leaves and viburnums branches, his head resting upon a platter of chestnuts, violets decorating the snout, precious pearls, vagabond children’s fingers pushing close to black parsley inside dirty ears, wine stains, bite marks, spinach ass pies, a consequence of poor digestion, he had penetrated the kitchen garden, he had enjoyed grazing on flowers, let him die now, his blood pouring into the pot, occasionally stirred with a huge spoon to beat our little cherubs.

Beneath the oak trees, surrounded by enormous, constantly fed braziers, a table was set, cloth decorated with thousand snakes, loaded with plates size of millstones, plates trimmed with blue or gilded, filled to the brim with soot and still hot plaster, or almost open buds, tongue, hair, soft porous stones, warmed by weak sun, feathers, and between goblets and plates, books, for the guests enjoy reading while they eat, turning pages with a tiny silver claw, and ink brushes and ink, because the guests were writing and drawing fruit, the stone fruit shaped like a raindrop, full of seed and ready to flee fat animals. Two pups asleep inside the salt shaker, in the company of all the others, gnawing and chewing; two brothers sipping out of the same cup, their eyes obviously shut, as it snows upon their fur coats, vermin and vipers on their sleeves, eyelashes, fingers and pearly fingernails; black, opal and sharp young tigers in the fur.    

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La grande bouche du poisson s’était refermée, avalant les ténèbres et le poisson s’était dissous dans le sel. En décembre, Gestroi dormit.

En janvier, Gestroi approcha des terres plus riches où l’air sentait le porc à l’étable, le grand cochon roi du monde, l’animal au petit oeil amoureux vautré tranquillement sur un lit de feuilles mortes et les branchettes de viorne, la tête sur le plateau de châtaignes, violettes dans le nez, précieuses perles, doigts d’enfants vagabonds, persil presque noir poussant dans les oreilles sales, taches de vin, morcures, bouses d’épinard au cul : il a mal digéré, il s’était introduit dans le potager, il avait brouté les fleurs comme un gourmand, qu’il crève maintenant et que son sang coule dans le pot, nous le touillerons le temps qu’il faudra avec la grande cuiller pour battre nos chérubins.

Sous les chênes, entourées d’énormes brasiers sans cesse alimentés, une table était dressée, couverte d’une nappe aux mille serpents, chargée de plateaux larges comme des meules de moulin, d’assiettes à bord bleuté ou doré pleines de suie, de plâtre encore chaud, de bourgeons près d’éclore, de langues, de cheveux, de douces pierres poreuses chauffées au faible soleil, de plumes et, entre les coupes et les assiettes, des livres, car les convives aimaient lire en mangeant, tournant les pages à l’aide d’une minuscule pince en argent, et des pinceaux et de l’encre, car les convives écrivaient en mangeant et dessinaient des fruits, ceux de jolis fruits pierreux en forme de goutte d’eau truffés de pépins et d’animaux dodus se préparant au vol. Dans la salière dormaient deux jeunes chiens, les autres rongeaient et croquaient. Deux frères buvaient dans la même coupe, avidement, les yeux fermés. La neige tombait sur leur manteaux de feu, sur leurs manches pleines de vermine et de vipères, sur leurs petites fleurs, sur leurs cils, sur leurs doigts, sur leurs ongles nacrés, noirs, opales, effilés, jeunes tigres dans leurs fourrures.